09 novembre 2011

23/40: Contes carnivores


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Encore un recueil de 14 nouvelles, mais ici, on baigne dans le fantastique. Ça faisait longtemps mais finalement, j'aime toujours autant. J'aime aussi beaucoup la phrase d'Ambrose Bierce (écrivain américain) mise en exergue: "Si ces faits stupéfiants sont réels, je vais devenir fou. S'ils sont imaginaires, je le suis déjà."
Une femme-orange qui se boit, un botaniste amoureux de sa plante carnivore, un curé qui a 2 corps, des amateurs de marées noires, un homme trahi par ses miroirs...
Grand plaisir de lecture!

p.99:

"-tallé au-dessus du lavabo, il ne put s'empêcher de sursauter. Que lui arrivait-il? Il se demanda si le phénomène dont il était victime était imputable à la faiblesse de son esprit ou à la malice de la coiffeuse; le meuble avait-il décidé de le punir pour sa vie dissolue, ou bien ses visions étaient-elles l'effet d'une rebuffade de son inconscient, fatigué par les mensonges qu'il faisait à ses quatre femmes? Blême, il sortit de la salle de bain et se recoucha. A vingt-deux heures, il annonça à Isabelle qu'il ne pouvait dormir à ses côtés et promit pour se faire pardonner ce qu'il avait déjà promis l'avant-veille à Hélène - un dîner. Il retourna à son bureau et, après quelques instants, prit son téléphone et composa le numéro de l'hôtel qu'il venait de quitter.
- Hôtel de Norvège, bonsoir.
- Edouard Renouvier à l'appareil.
- Oh, bonsoir, Monsieur. Que puis-je pour votre service?
Il y a dans ma chambre un meuble que j'aimerais voir enlevé. C'est une coiffeuse, installée contre le mur qui fait face au lit et munie d'un miroir rabattable.
- Oh, je vois, Monsieur. Une coiffeuse es années 1920, assez semblable à celles que dessinait Ruhlmann, je crois.
- Sans doute. Puis-je vous demander de la faire enlever dès que la dame qui occupe en ce moment la chambre sera partie?
- Certainement, Monsieur. Je m'en occupe. Désirez-vous que nous la remplacions par un autre meuble?
- Mettez ce que vous voulez à la place, ça m'est indifférent.
- Très bien, Monsieur. Autre chose?
- Non, ce sera tout. Au revoir.
- Au revoir, Monsieur."

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